
Après avoir été diplômée de l’ENSAP de Bordeaux en juin 2016, Chloé Darmanté a travaillé chez Arc en Rêve à Bordeaux dans le domaine de la médiation de l’architecture. Un domaine qu’elle a d’une certaine manière poursuivi en étant chargée de la communication dans des agences d’architectures au Québec avant de lancer sa propre agence de communication en 2021. Portrait.
Question : Pourquoi avoir choisi le séminaire « Repenser la métropolisation » ?
Réponse Chloé Darmanté : Pour ma part, c’était difficile de trouver un sujet. Je suis allée plusieurs fois à Londres cette année-là et je suis tombée sur le quartier totalement gentrifié de Boxpark qui m’a beaucoup intrigué. J’habitais alors dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux et il y avait beaucoup de similitudes. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant de travailler sur ce sujet que je liais de manière naturelle à beaucoup de choses. C’est le séminaire “Repenser la métropolisation” qui répondait le plus à ce type de sujet : étudier la construction de la ville sous toutes ses formes.
Q : Quel sujet avez-vous questionné dans votre mémoire ?
C.D. : C’est le thème de la gentrification que j’ai retenu quelques années plus tard, je me rappelle d’un échange enflammé lors de mon oral sur ce sujet. J’avais beaucoup entendu parlé de la gentrification, notamment lors des cours de master à Sciences Po (IAT[1]), c’était quelque chose qui m’intéressait. La question se centrait sur les phénomènes urbains comme celui de la gentrification, même s’il était davantage immobilier qu’architectural, et comment il finissait par créer une nouvelle architecture, dans ce cas une architecture éphémère.
Q : Comment cet exercice vous a-t-il aidé dans votre vie professionnelle ?
C.D. : Je pense que le séminaire aide au niveau de la méthodologie, finalement dans la vie professionnelle avoir une méthodologie (une deadline, un début, un milieu, une fin) c’est un peu la réalité. Même davantage que le projet à l’école ou l’on peut être amené à créer 80% de la matière les deux dernières semaines. Un travail comme le mémoire c’est davantage une réflexion globale et étalée dans le temps et elle est un peu plus à l’image d’un projet dans la vie professionnelle courante. Donc au final je dirais la méthodologie et la temporalité.
Q : Quelle est votre situation professionnelle actuelle ? Et quelles sont vos responsabilités ?
C.D. : J’ai terminé mon master en 2016, l’année suivante je suis entrée à Arc en rêve[2] au pôle éducation, je faisais de la sensibilisation auprès du grand public, c’était une super expérience. Je continuais l’architecture sous forme de médiation ce que j’avais déjà commencé dans un enseignement coordonné par Caroline Mazel en master. Ma volonté à la sortie de l’école était de travailler dans la communication de l’architecture c’est-à-dire de pouvoir parler d’architecture au grand public.
Ensuite je me suis installée au Québec à Montréal, et j’ai travaillé pendant trois ans dans des agences d’architecture pour faire de la communication au sein des agences : que ce soit sur le design graphique, le site internet, les réseaux sociaux, le développement des affaires ou encore les stratégies de réponses aux appels d’offres. Souvent les agences d’architecture appellent ça “responsable communication” mais le développement des affaires est étroitement lié : quand on présente l’agence pour répondre à un appel d’offre public ou privé il faut se présenter et être vendeur. C’est le côté marketing de l’architecture, il n’est pas très présent dans le programme scolaire des écoles d’architecture mais il est très important et les agences sont assez novices sur ce sujet. Je me suis lancée là-dedans en autodidacte, j’ai appris pas mal de choses sur le tas. Je n’avais pas fait d’étude de communication en parallèle mais on est une génération qui a grandi avec le système de communication, le point fort de mon profil est justement que je suis architecte de formation. Je suis rentrée en France en janvier 2021 et j’ai décidé de lancer mon agence de communication spécialisée en architecture, en tant qu’auto-entrepreneuse, elle s’appelle “Ligne.media”.
Q : Est-ce que la crise sanitaire a affecté votre travail ou recherche d’emploi et si oui, comment ?
C.D. : Oui et non, quand je suis rentrée de l’étranger, si j’avais pu facilement trouver un poste à l’intérieur d’une agence cela aurait pu être intéressant pour moi. On va dire que la crise Covid m’a donné l’élan pour me lancer en solo, je me suis dit que la situation n’était pas facile en ce moment pour trouver un poste. En plus les agences d’architecture sont un petit peu en retard au niveau du digital et se rendent compte qu’avoir un site internet et des réseaux sociaux c’est important. En ce moment, l’État français aide à la digitalisation, ça aussi c’est intéressant pour moi.
Q : Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
C.D. : J’aimerais que mon entreprise se développe et j’aimerais pouvoir accompagner toujours plus d’architectes dans la recherche de visibilité auprès de leurs clients publics ou privés. On peut aussi souhaiter que la profession et le monde des architectes puissent s’investir un peu plus dans la communication. Et puis potentiellement, diversifier un peu les formations au sein des écoles pour que ce genre de métier puisse être aussi enseigné. Dans la réalité d’une agence il y a dix postes différents, dix profils différents. En résumé, j’espère que la communication prenne davantage sa place dans le milieu de l’architecture.
Q : Quel est le conseil que vous donneriez aux futur.e.s architecte.s ?
C.D. : Les deux premières années après le master sont décisives et on voit vraiment des parcours hyper nets et des prises de positions différentes entre les personnes. Moi je ne sais pas trop ce qu’il aurait fallu me dire pour que ce que j’ai fait jusqu’à présent m’aide actuellement… Je pense qu’il faut prendre position, personnellement, j’ai fait le master IAT qui était déjà une prise de position assez forte. Peut-être que plus vite on trouve son point d’intérêt, plus belle et épanouissante sera la carrière je crois. Encore une fois : dans une agence, il n’y a pas deux personnes qui font la même chose : il y a plein de possibilités et plein de choses différentes à faire.
[1] Master Intelligence et Architecture des Territoires (IAT), coordonné par Stéphane Hirschberger en partenariat avec le master Stratégie et Gouvernance Métropolitaine de Sciences Po Bordeaux.
[2] Arc en rêve : Centre d’architecture de Bordeaux, il mène des actions de médiation et de sensibilisation culturelle dans les domaines de l’architecture, de la ville, du paysage et du design.
Pour aller plus loin :
- Chloé Darmanté, Boxpark Shoreditch. L’architecture au défi de la gentrification, mémoire de master, ENSAP Bordeaux, Janvier 2016