Portrait : Manon Lestage

Manon Lestage, architecte diplômée en juin 2019, travaille à l’atelier de paysage Sensomoto à Paris. Elle poursuit ainsi dans son travail son intérêt pour l’échelle du territoire, de l’urbanisme et du paysage qu’elle avait abordé lors de son mémoire sur la place du fleuve dans le projet urbain. Son mémoire a reçu en 2020 le troisième prix George Emblanc qui visent à récompenser des travaux académiques menés sur les fleuves, les risques naturels et la protection des milieux aquatiques. Portrait.

Pourquoi avoir choisi le séminaire « Repenser la métropolisation » ?

Réponse Manon Lestage : J’ai effectué ma licence à l’ENSA de Clermont Ferrand, où nous avons été sensibilisé à l’aménagement des territoires notamment à celui des territoires ruraux. Quand je suis arrivée en master à l’ENSAP de Bordeaux j’avais envie, dans l’exercice du mémoire, de travailler sur une échelle assez large à la croisée des disciplines entre l’architecture, l’urbanisme et le territoire. Le séminaire « Repenser la métropolisation » m’a semblé être le plus adéquat pour questionner l’aménagement du territoire au regard des enjeux actuels et des préoccupations environnementales.

Quel sujet avez-vous questionné dans votre mémoire ?

M.L. : Je me suis intéressée au rapport au fleuve dans le projet urbain, j’ai étudié le cas de la ZAC[1] Garonne Eiffel à Bordeaux, c’est un projet qui s’insère sur la rive droite de Bordeaux dans le cadre de l’opération d’intérêt national Bordeaux Euratlantique. C’était pour moi l’occasion de questionner la prise en compte des enjeux environnementaux liés au fleuve dans le processus de conception du projet urbain. J’ai essayé de comprendre comment les différents acteurs viennent concevoir un projet aussi important dans un lieu très sensible : en bord de fleuve.

Comment cet exercice vous a-t-il aidé dans votre vie professionnelle ?

M.L. : Cet exercice m’a aidé à définir de manière plus précise le domaine dans lequel je voulais travailler. J’avais lié le sujet de mon mémoire à celui du PFE[2], et aussi effectué un stage dans une agence de paysagistes concepteurs, le Bureau Bas Smets, qui travaillait sur l’élaboration du plan de qualité paysagère et urbanistique du canal de Bruxelles à ce moment-là. J’ai pu en apprendre davantage sur la conception du paysage et sur l’aménagement du territoire : les connaissances acquises m’ont été utiles pour l’élaboration du PFE, mais aussi pour me rendre compte de ce qui me plaisait dans l’exercice de mon métier.
En terme pratique, l’exercice du mémoire m’a permis d’acquérir une certaine méthodologie (recherche, analyse, travail de synthèse et retranscription) et amené à être davantage régulière et consciencieuse dans mon travail. Je pense que cela va beaucoup m’aider pour problématiser et rédiger le mémoire de HMONP[3] également.

Quelle est votre situation professionnelle actuelle ? Et quelles sont vos responsabilités ?

M.L. : Je travaille à l’atelier de paysage Sensomoto, à Paris, depuis janvier 2021. L’agence intervient dans le cadre d’études paysagères et urbaines, de maîtrise d’œuvre (parcs, cœurs d’îlots, cours d’écoles, aire de jeux, aménagements de quartiers, etc.). Bien que je sois architecte, j’ai pu être engagée dans une agence de paysage : les deux disciplines sont tellement complémentaires, c’est important pour eux d’avoir aussi des architectes au sein de leur équipe. C’est une agence motivée par les problématiques liées à la participation citoyenne, à l’utilisation des ressources locales et la réutilisation des matériaux, à la place des usagers et du jeu dans l’espace public : des thèmes qui m’intéressent également.

Actuellement je suis en charge de plusieurs projets : un projet d’école en phase concours, ainsi que l’aménagement d’un parc et celui d’un éco-quartier. Les deux derniers projets étant en phase PRO et DCE[4], je travaille sur l’élaboration des carnets de détails, du budget et sur la prise de contact avec les fournisseurs. J’interviens également sur d’autres projets de l’agence. Les missions sont essentiellement liées à la communication : réaliser des illustrations et schémas pour une réunion publique ou encore des panneaux de signalétique pour un parc par exemple.

Est-ce que la crise sanitaire a affecté votre travail ou recherche d’emploi et si oui, comment ?

M.L. : Oui énormément, j’avais décidé de faire une année de césure à l’étranger après mon PFE en juin 2019. J’ai dû rentrer en France plus tôt que prévu à cause de la crise sanitaire. J’ai postulé pendant au moins 4 mois. Je n’ai eu que très peu de réponses, c’était difficile pour les entreprises d’engager des salariés à cette période. Finalement, c’est en élargissant mes recherches sur Paris et à la fin du deuxième confinement que j’ai été engagé dans une agence.

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

M.L. : Je souhaite poursuivre au sein de l’agence où je suis actuellement afin d’assister aux différentes phases des projets sur lesquels je travaille. Ce sont des projets d’espaces publics qui ont des échelles de temps assez courtes en comparaison à certains projets de construction. J’aimerais beaucoup aller jusqu’à la phase de réalisation et pouvoir suivre les chantiers en question. Je fais partie d’une petite structure, cela me permet d’apprendre des éléments techniques que l’on n’apprend pas forcément à l’école. Ensuite, dans un avenir un peu plus lointain, j’aimerai rejoindre une agence qui lie à la fois paysage et architecture, qui travaille cette « double casquette » afin d’y effectuer mon diplôme d’habilitation à la Maîtrise d’œuvre en son Nom Propre. Le paysage m’intéresse mais j’ai également envie d’aborder des questions liées à l’architecture, je ne voudrais pas « me fermer des portes ».

Quel est le conseil que vous donneriez aux futur.e.s architecte.s ?

M.L. : Je conseillerai de profiter de cet exercice du mémoire pour se nourrir d’informations sur un sujet qui attise notre curiosité. C’est un bon exercice pour développer son esprit critique en s’étant informé et documenté. En général, c’est bien de s’informer sur les différentes facettes de la discipline et en même temps le travail de mémoire permet de se spécialiser dans un domaine. Je m’en suis rendue compte lors de la remise du prix que j’ai reçu pour mon mémoire : j’ai rencontré des gens qui se sont spécialisés sur la thématique des fleuves, c’était vraiment intéressant d’avoir des connaissances sur un sujet précis pour pouvoir discuter avec eux.


[1] ZAC : Zone D’aménagement Concerté 

[2] PFE : Projet de Fin d’Étude

[3] HMONP : Habilitation à la Maîtrise d’œuvre en son Nom Propre

[4] Phase projet et dossier de consultation des entreprises

Pour aller plus loin :