Portrait : Nour Zeghib

Après avoir obtenu son diplôme en juin 2017, Nour Zeghib effectue un second master en urbanisme à Grenoble. Aujourd’hui grâce avec sa double casquette d’architecte et urbaniste, elle travaille dans l’agence urbaplan à Genève. Elle avait questionné dans son mémoire au sein du séminaire “Repenser la métropolisation” des questions de frontières et de grand territoire en étudiant le cas de l’aéroport. Portrait.

Question : Pourquoi avoir choisi le séminaire « Repenser la métropolisation » ?

Réponse Nour Zeghib : J’avais envie de faire mon mémoire sur la relation entre les aéroports et la ville. Je trouvais que le questionnement autour de la métropolisation du séminaire pouvait être intéressant pour traiter le fonctionnement d’un aéroport qui peut être perçu comme une petite ville dans la ville. Au tout début de mon master, le séminaire n’existait pas, j’avais commencé à travailler sur un autre sujet. Les autres séminaires étaient plutôt tournés sur l’échelle du bâti, dès le début je savais que ce n’était pas forcément cette échelle qui m’intéressait mais davantage celle du territoire, c’était une bonne occasion pour travailler sur cela en rejoignant le séminaire « Repenser la métropolisation ».

Q : Quel sujet avez-vous questionné dans votre mémoire ?

N.Z. : J’ai fait ma 3ème année de licence à Québec et c’était la première fois que je prenais l’avion. Cette expérience du vol long-courrier et le parcours de grands aéroports m’ont beaucoup interrogés sur les lieux. J’ai pu constater que l’aéroport est une petite ville en soi : elle a ses règles, une temporalité particulière, on entend parler toutes les langues. De nombreuses infrastructures se développent autour, que ce soit des infrastructures de mobilité, des hôtels, des bureaux, des centres de congrès… De plus les aéroports les plus grands sont construits en dehors des villes, ils ne sont plus dans le tissu urbain, cela crée une entité un peu étrange au milieu des champs qui a un fonctionnement particulier. J’ai également découvert grâce à ce travail plusieurs façons de penser la notion de frontière. Enfin voilà beaucoup de spécificités intéressantes que j’ai étudiées dans mon mémoire en les articulant autour de cinq études de cas.

Q : Comment cet exercice vous a-t-il aidé dans votre vie professionnelle ?

N.Z. : En travaillant sur ce sujet, j’ai eu l’opportunité après la soutenance du mémoire d’effectuer un stage chez Aéroport de Paris (Groupe ADP) qui construit des aéroports et qui s’occupe de la gestion des infrastructures de l’aéroport. Après avoir obtenu mon diplôme d’état d’architecte à l’ENSAP de Bordeaux en juin 2017, j’ai fait un second master en urbanisme à Grenoble. Pour le valider, j’ai également dû écrire un mémoire, j’ai alors travaillé sur la frontière franco-suisse autour de Genève. Donc la méthode de travail, l’analyse, tout ce que j’avais engrangé dans le mémoire précédent m’a beaucoup servi. Enfin, aujourd’hui, dans la pratique professionnelle, je fais uniquement de l’urbanisme notamment en réalisant des documents de planification pour des communes, et en cela la méthodologie du mémoire m’a également aidé : afin de démontrer à la population ou aux élus des nécessités, croiser des données pour expliquer des choses, des choix, des orientations.

Q : Quelle est votre situation professionnelle actuelle ? Et quelles sont vos responsabilités ?

N.Z. : Je travaille à Genève dans le bureau d’urbanisme urbaplan, c’est un des plus gros bureaux de Suisse romande (dans les cantons francophones). On travaille à la fois sur de l’urbanisme réglementaire avec des documents comme des plans d’affectations, des plans directeurs communaux (ce n’est pas le même fonctionnement qu’en France). On fait aussi des études de faisabilité, des appels à projet, ou de l’urbanisme participatif, toujours en prenant l’angle de la transition écologique et solidaire, qui est une tendance très importante en Suisse, notamment dans la fabrication des villes et des territoires. Le bureau dans lequel je travaille ne faisait jusqu’alors que de la planification et commence depuis quelque temps à faire des chantiers d’espaces publics (places, rues piétonnes, etc.) dans un objectif de singularisation par rapport aux autres agences. Pour ce qui est de mes responsabilités, je suis employée, architecte-urbaniste, je ne suis pas cheffe de projet : je ne suis arrivée qu’en septembre 2020 ! Avant cela j’ai passé un peu plus d’un an dans un bureau d’architecte urbaniste géré par des architectes, c’était une vision et une manière de travailler différente.

 Q : Est-ce que la crise sanitaire a affecté votre travail ou votre recherche d’emploi et si oui, comment ?

N.Z. : Un petit peu car cela a beaucoup ralenti les démarches, je voulais changer d’employeur entre mon précédent emploi et celui actuel et le processus de recrutement a été rallongé. Il y a eu beaucoup d’incertitudes face à la commande, à cause des chantiers bloqués, un moment de flottement par rapport à l’adaptation au télétravail. Mais aujourd’hui nous avons tous les outils pour pouvoir travailler à distance. En urbanisme, les temporalités sont longues et on travaille avec beaucoup de clients dans les marchés publics donc on est peut-être moins impacté par la crise que d’autres.

Q : Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

N.Z. : J’ai l’impression que c’est une tendance assez globale, mais en tout cas je ne me vois pas avoir un seul métier plus tard, je pense que je vais continuer dans l’urbanisme à temps partiel et à côté j’aimerais me lancer dans une formation en naturopathie. Cela m’intéresse beaucoup et à vrai dire on fait un métier assez stressant… Au final le métier d’architecte urbaniste c’est un métier où on voit assez peu les utilisateurs qui vont vivre dans les projets. Je souhaiterai avoir un peu plus de contacts humains d’où l’idée de faire un métier où il y a des consultations avec autrui.

Q : Quel est le conseil que vous donneriez aux futur.e.s architecte.s ?

N.Z. : Ne faites pas que de l’architecture ! Il faut être attentif aux problématiques actuelles environnementales, sociétales. Je pense qu’on est dans un moment un peu charnière ou il y a plein de choses qui changent et c’est important d’ouvrir ses perspectives, ses horizons. Donc je conseillerai soit de se spécialiser dans un domaine un peu particulier, ou au contraire de laisser la porte grand ouverte à plein de domaines. Et si l’urbanisme t’intéresse je t’invite à compléter ta formation comme j’ai pu le faire.

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