Portrait : Olivier Marchyllie

Olivier Marchyllie, architecte diplômé en juin 2019, continue sa formation en effectuant son HMONP[1] à l’ENSAP de Bordeaux. Alors qu’il s’intéresse à l’urbanisme pour son travail de mémoire, il aborde la question des logements collectifs qu’il approfondit dans son travail à l’agence Lanoire & Courian dans le cadre de cette année d’habilitation. Son parcours est teinté de questionnements sociaux qu’il aborde de différentes manières au travers des enseignements qu’il a reçus. Portrait.

Question : Pourquoi avoir choisi le séminaire « Repenser la métropolisation » ?

Réponse Olivier Marchyllie : Au cours de mon parcours universitaire, j’ai eu la chance d’effectuer un stage d’urbanisme pendant 7 mois. Cette expérience a influencé ma réflexion sur les questions de développement des réseaux de transports urbains et de dynamiques de métropolisation des villes. Je souhaitais retrouver cette approche des territoires dans mon travail, c’est pourquoi j’ai décidé d’intégrer ce séminaire. Je savais que je me sentirais à l’aise pour développer un sujet avec une large échelle de travail. 

Q : Quel sujet avez-vous questionné dans votre mémoire ?

O. M. : Je me suis vite intéressé à la place des réseaux de transports dans la ville. La lecture d’un ouvrage abordant les non-lieux[2] a été un élément déclencheur. De même, un Erasmus d’un an à Madrid a été l’occasion pour moi de me rendre de nombreuses fois à l’aéroport Charles de Gaulle. C’est pourquoi j’ai choisi cet aéroport comme sujet d’étude. Cette infrastructure, à la fois complexe mais que tout le monde côtoie avec facilité a éveillé des interrogations au niveau de : sa structure complexe (emprise, forme, dimensions) et des usages (rencontres, brassage culturel) qui s’y pratiquent. J’étais également curieux d’appréhender les conséquences qu’une telle infrastructure, que peut-elle engendrer sur son environnement proche, notamment quelles sont les conséquences économiques et spatiales sur ce contexte.

Q : Comment cet exercice vous a-t-il aidé dans votre vie professionnelle ?

O. M. : Cet exercice a enrichi ma capacité d’observation. Il m’a permis d’acquérir une nouvelle manière de voir la ville et les différents espaces qui la composent. Il était notamment question de prendre du recul par rapport à l’environnement d’une grande structure pour en percevoir une vision déterminante pour mon mémoire de master.

De plus, ce travail de recherche m’aide actuellement pour rédiger mon mémoire de HMONP. Mes capacités d’écriture, d’organisation et de méthodologie ont été renforcées grâce à cet exercice.

Q : Quelle est votre situation professionnelle actuelle ? Et quelles sont vos responsabilités ?

O. M. : Je fais mon HMONP depuis septembre dernier dans l’agence Lanoire & Courrian. Je travaille notamment sur un projet de logements collectifs. Ce projet est élaboré pour un promoteur immobilier et est caractérisé par ses nombreuses contraintes, notamment financières. C’est pourquoi, j’ai décidé de faire mon mémoire de HMONP sur les logements collectifs et plus particulièrement sur les alternatives que l’on peut développer pour sortir de la logique économique classiquement associée aux logements collectifs.

Q : Est-ce que vous avez poursuivi dans votre activité les thèmes que vous aviez développés dans  votre mémoire ?

O. M. : Le travail que je mène actuellement sur les logements collectifs pour mon HMONP se détache du domaine de l’urbanisme que j’ai aimé approfondir lors de mon mémoire de master.

Cependant je conserve cette logique sociale, initiée lors de mon Erasmus, développée par différents exercices tels que le mémoire et le projet, et approfondie avec mon sujet de mémoire de HMONP. Différentes lectures, notamment L’architecture du bonheur d’Alain de Botton[3], m’ont sensibilisé au fait que les espaces que nous produisons influent sur le bonheur des individus et participent aussi à mon investissement dans cet aspect social que je place au cœur de ma pratique de l’architecture.

Q : Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

O. M. : Une fois que j’aurai achevé ma formation à l’ENSAP de Bordeaux, je souhaiterais me rapprocher d’une agence d’architecture qui œuvre dans une réflexion du logement collectif différente de celle d’un promoteur immobilier que j’ai pu aborder et développer dans l’agence Lanoire & Courrian. Avec cette nouvelle expérience, j’aurais la possibilité d’approfondir mes connaissances dans ce domaine, et par ce biais de confirmer ou infirmer ce que j’ai pu avancer dans mon travail de mémoire pour mon HMONP.

Je serais également enthousiaste à l’idée de travailler de nouveau dans le domaine de l’urbanisme, afin de retrouver cette diversité de formes spatiales. Avoir la possibilité d’expérimenter les différentes manières de faire du mobilier urbain me plairait également. Mais dans un premier temps, ma volonté est d’approfondir mes connaissances et expériences sur le logement collectif.

Q : Quel est le conseil que vous donneriez aux futur.e.s architecte.s ?

O. M. : Être le.la plus responsable et équilibré.e dans les décisions qu’ils.elles prendront. En effet, il ne faut pas minimiser l’impact de l’architecture que nous produisons.

J’ajouterais qu’il est important de prendre du plaisir en exerçant ce métier. L’architecte Sophie Delhay, récemment récompensée par le prix d’Équerre d’argent (2019) pour l’élaboration d’un programme ingénieux de logements adaptables aux modes de vie de ses occupants à Dijon, rappelle qu’il est important de garder en tête le plaisir d’exercer cette profession malgré une réglementation contraignante.


[1] HMONP : Habilitation à la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre

[2] Marc AUGÉ, Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Editions du Seuil, 1992

[3] Editions Vintage Books, 2006

Pour aller plus loin,